Les petits carnets

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Ode, fragilité et Linkin Park

[ Cette page parle de santé mentale et est potentiellement déprimante même si j'ai tout fait pour rester assez évasif. Si vous êtes un peu trop empathique ou que vous passez une mauvaise journée, peut-être qu'il est mieux pour vous de sauter jusqu'aux bonnes nouvelles ]

Par ici

 

 


00/00/20xx

 

J'ai rêvé peut-être d'une fille à qui je tiens, à qui je pense parfois. Dans ce rêve, on traînait, on riait, on parlait, elle parlait à une amie qu'elle m'avait présenté, elle parlait d'elle de ses études, ça faisait longtemps qu'on ne s'était plus vus, ces moments étaient drôles et doux. Au réveil, ce fut dur de comprendre que ça n'était jamais arrivé, et que, peu importe mes efforts, ces souvenirs n'existeraient jamais. 

 

Depuis, je ne crois pas avoir rêvé de quoique ce soit. 


 

21.06.2019

 

Je viens de terminer mon année. Je veux dire... définitivement. C'était le dernier événement de l'école, après ça, je devenais libre. Je suis actuellement libre. Totalement. Après ça, il n'y a plus rien de prévu dans ma vie, ni travail, ni école. Il va falloir que je planifie. Mais ça me va. Pour le moment. Hier, j'ai eu ma soirée de lecture. Ça s'est bien passé. Très bien. Très très bien. J'ai revu des gens que j'aimais et avec qui j'ai pu m'épanouir, donc je vais bien, vraiment très bien, même si ça risque de retomber après. 

 

Un nouvel arc se termine

J'ai passé la demi-année la plus intense, la plus passionnante et la plus éprouvante de ma vie. C'est peut-être ce que je me dis à chaque travail de fin d'année, mais c'est pourtant mon ressenti. Chaque fois, c'est pire, mais chaque fois, je survis, par je ne sais quel prodige alors que je ne m'y prends jamais comme il le faut. J'ai sûrement de la chance. J'en ressors victorieux. Mais j'ai peu d'émotions. Tout est vide. Comme à chaque fois. Plus d'accomplissement, juste une intense fatigue intérieure qui parasite, étouffe, détruit chaque embryon de fierté qui naît là quelque part, une fatigue qui éteint chaque souvenir comme la flamme d'une bougie. Il paraît c'est dû à un stress trop omniprésent dans mon passé, et que j'en subis le contrecoup, on me dit que ça passera mais ça n'est jamais fini. J'ai eu et j'ai des période où il m'est impossible de parler, communiquer, échanger, où ça me râpe l'esprit comme à la soude et aux éclats de verres. 

Plusieurs le sauront sûrement à force de me suivre, ma santé mentale n'est pas au meilleur depuis longtemps, et longtemps j'ai eu honte de l'exprimer, parce que l'idée même de maladie me fait peur, par son image peu flatteuse, triste, un peu honteuse réservée "aux autres" et j'espère toujours m'en tenir éloigné. Aujourd'hui, moins, j'ose un peu plus en parler justement car les gens en parlent et disent qu'il ne faut pas se sentir coupable. C'est un combat que je mène contre anxiété et dépression et de plus en plus je pense traiter le mal sur le long terme plutôt que de ponctuellement chercher à survivre. J'ai des pertes de mémoire sur certaines parties de mon passé. C'est un symptôme. On me l'a appris. Totalement par hasard. Au détour d'une conversation. Ça m'a frappé. Depuis j'y pense et j'aimerais y remédier, même si j'ai peur de ce que je peux découvrir derrière l'oubli. 


Au moins, j'ai mieux compris mes absences, mes "pourquoi le temps passe si vite". Mon temps libre, mon esprit le passe à le combler, mon esprit n'aime pas le vide, j'ai beaucoup de peurs et de scénarios de peur, qui me remplissent continuellement, me remplissent négativement du vide et de la peur du vide, de l'avenir et de la peur de mon avenir, ça se fait seul et je dois me recadrer quand ça m'arrive. C'est des efforts dépensés sur moi-même. Et tout ça me fatigue. En plus de beaucoup d'autres choses qui me fatiguent. Physiquement. Les environnements trop bruyants, parler trop longtemps, la négativité ambiante et malveillante, les ragots, répondre aux questions, parler avec des gens que je ne connais pas, devoir suivre une longue conversation... Ça me demande beaucoup d'efforts et oui, physiquement, ça me fatigue. 

 

J'ai aussi compris les phobies handicapantes. La peur de voyager, de l'inconnu, un syndrome de l'imposteur, des peurs du conflit et de la nouveauté, du téléphone (!), de la maladie, peur de l'engagement et de la solitude, peur des gens, des accidents, de l'erreur, de l'échec, de la responsabilité, peur de mal parler, des mauvaises images, peur de mourir et d'y penser, peur de perdre mes proches, maladivement, j'ai des tocs, une dermatillomanie, des complexes, des pertes de mémoire. Parfois, tout ça est si concret et présent que je me fige, que je passe des jours sans réussir à comprendre ce que je ressens, et que je ne fais que le minimum socialement. Parler aux amis, rentrer, pleurer, puis dormir. 5h, 8h, 10h, à peine manger, me remettre au lit sans réussir à penser à autre chose qu'à cette personne là que je vois d'en haut et qui pleure. Moyen, quand il faut trouver du travail...

 

 

J'ai dû m'éloigner et manquer à mon devoir de modo et aussi de cartooneur. J'estimais que gérer l'équilibre entre mes études et ma santé était plus important. Je crois que je n'aurais de toute façon pas eu le choix. Je vais m'éloigner de la modération quelques temps histoire de prendre un peu de vacances et vraiment m'éloigner sans stresser plus parce que j'ai des responsabilités. 

 

Je vais profiter de ces vacances pour essayer de trouver un-e professionnel-le compétent-e, et à l'écoute, à qui je puisse confier tout ce que je renferme pour me sentir mieux ! Je me dis qu'au moins, si j'ai compris, c'est déjà ça. J'ai tenté de percer les abcès, comprendre les silences de mon entourage et mes oublis. J'ai commencé à essayer. C'est déjà ça. Je ne parlerai pas plus de ma santé à ce niveau. J'estime en avoir dit beaucoup déjà. Voyez ceci comme un témoignage de mon ignorance (ou de mon déni) de ma condition. Les peurs s'invitent souvent en nous pour une raison. 

 

+ C'est drôle parce qu'on vient de m'envoyer cet article ! Surtout pour les anglophones (même si google trad ça va bien pour comprendre en gros :3 )

 

I’m sorry for all the times my depression and anxiety made me a bit of a rubbish friend

 

Aussi j'ai pas eu de bol. J'ai été mêlé à une affaire qui a tourné au drama: j'ai été employé par le passé par quelqu'un qui a mis une grosse pression sur les gens qu'il employait, à différents degrés suivant leur proximité avec ce quelqu'un. J'étais en charge d'un groupe d'une sorte de "succursale". La tâche qui m'était destinée pouvait aisément être considérée comme un travail (pas de contrat de travail, mais répondre à une demande, dépendre d'une société, poste à responsabilités etc.), mais je ne l'ai pas compris sur le coup, matière artistique et naïveté obligent. Nous devions produire un texte par semaine (C'EST BEAUCOUP QUAND T'ES ETUDIANT) et je devais les publier sur le site, religieusement, chaque soir, faire la pub sur twitter aussi, j'ai même été encouragé à écrire "responsable éditorial" sur mon CV. Sans la mention d'un potentiel bénévolat de ma part. Ça n'avait rien d'une association, non, c'était une entreprise. Je n'ai pas été rémunéré. Je pensais que c'était normal. J'ai dû fournir du temps libre durant mes vacances, tous les jours, samedi compris, dimanche était destiné à une réunion où un débrieff se faisait via skype. Etant très introverti... c'était pas toujours facile. Heureusement, mes collègues étaient des anges. Bref. En gros, je travaillais. Tous les jours. Je pensais que c'était normal. Ça ne l'était pas. A présent, cette personne met une certaine pression, à coup de menaces de plaintes sur ceux qui ont osé témoigner. Je fais profil bas car je préfère ne pas créer de remouds. Les tenants de la neutralité ont tout fait pour essayer de détruire mon témoignage, de me faire craquer en brandissant un manque de preuves... pas d'argent, des contrats tacites, quelques screens qu'on rejette parce que "facilement falsifiables"... ce fut un épisode en plus à surmonter dans mes problèmes. Si je suis davantage mêlé à ça, j'envisagerai sûrement une plainte pénale parce que j'ai le droit de me faire entendre, j'ai été dévoué deux ans et demi, sans créer de problèmes, j'ai littéralement offert du temps dont j'aurai pu me servir pour me reposer, pour finalement gagner bien moins que tout ce que j'ai dépensé au niveau de mes forces. Je suis devenu parano avec les contrats et les personnes qui demandent gracieusement quelques "services" en écriture ou en dessin, j'ai mis en place quarante combines différentes pour faire valoir les contrats et réussir à obtenir un maximum de transparence. Et maintenant je cherche les détails, la petite bête, n'importe quoi pour être sûr que tout est clair. Je suis devenu regardant. Trop peut-être. C'est ainsi. 

 

 

 

 

Malgré tout ce que vous avez pu lire plus haut

 

Je vais bien

Du moins, mieux qu'il y a quelques années

 

J'ai encore une santé fragile mais ces trois années dans cette école si particulière ont été riches en émotions, malgré mes soucis de mémoire, mes difficultés relationnelles, mes traumas, oui, je crois que je peux le dire, je vais plutôt bien. J'ai moins peur de tout, j'ai pu évoluer dans un environnement sans harcèlement, en comité réduit (nous étions 5 élèves), développer mon écriture, questionner ce que c'est d'écrire, développer des projets littéraires, gagner un peu de confiance là-dessus et commencer à raboter le syndrome de l'imposteur que je traîne depuis... depuis un moment. J'espère que je ne vais pas oublier ce que j'y ai vécu. J'espère ne pas perdre de vue ceux que j'y ai côtoyé. Ce fut une trêve hors du système scolaire habituel. Sans notes, avec la bienveillance et l'envie de partager et créer pour seules motivations (les projets de fin d'année, c'était le prétexte pour donner une note, en vrai, c'était plutôt des discussions avec des auteurs, éditeurs, critiques). Le souci, c'est, une fois sorti, qu'en faire ? Ecrire, publier ? Impossible d'en vivre... 

Le futur est incertain de ce côté.

Oui, je crois, je vais mieux. Pas au top, pas au fond.

Juste mieux.  

 

J'aimerais dédier la fin de cette page à des gens à qui je tiens et qui m'ont soutenu dans les moments difficiles qui ont été nombreux cette année. Si j'ai pu passer au-delà, c'est probablement grâce à eux. 

 

 

Merci à ce petit groupe discret mais présent, à qui je peux dire 2 mots comme 100, qui m'a offert du soutien et de l'amour sans jugement ni intrusion, ainsi que quelques rires même dans les moments sombres. 

Merci à ceux qui sont venus me parler sans rien attendre en retour, qui m'ont écouté, qui sont venus mettre des commentaires (on me les envoie pour que je puisse les lire ils me permettent de m'en remettre, je vous promets que j'y répondrai), ceux qui m'ont rassuré et toujours soutenu, qui n'ont pas blâmé mes crises et mes silences, ni mes larmes, qui ne m'ont pas jugé, qui ont respecté cette dépression sans jamais la remettre en question. Ceux qui sont là depuis le début, qui me parlent régulièrement, qui me connaissent mieux que n'importe qui et qui me comprennent sur tous les sujets que j'évoque. Merci à celui qui est venu faire mon ménage quand je n'allais pas bien pour pas que je finisse dans un logement insalubre. Peut-être tu me lis, je sais j'ai dit que je te mentionnerai pas, mais tu te reconnaîtras. Merci aussi pour ces bons moments devant une certaine série. 

 

Plus généralement, merci pour vos films, votre présence, votre intérêt.

Merci tout simplement d'être là et de vivre, ce sont des petites lueurs de plus.

N'oubliez pas que vous êtes importants. 

 

 



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